10. L'Union européenne apporte un financement de 3,5 milliards F Cfa pour aider le gouvernement à structurer les organisations non étatiques qui concourent à la formulation des politiques de développement.

       Faciliter la participation active des acteurs non étatiques (organisations non gouvernementales, églises, syndicats, secteur privé non lucratif, etc) dans la définition, la programmation, la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation des programmes et politiques nationales de développement économique et social et de lutte contre la pauvreté. Tels sont les objectifs poursuivis par l'Union européenne, à travers la convention signée hier avec le gouvernement camerounais, pour apporter 3,5 millions F Cfa au renforcement des capacités et à la structuration des organisations non étatiques camerounaises. Selon Javier Puyol, le chef de la délégation de la Commission européenne au Cameroun, cet appui à la structuration efficace de la société civile entre dans le cadre de l'accord de Cotonou (23 juin 2000), qui régit les relations de coopération entre la Communauté européenne et les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. " Ce programme, explique-t-il, est en parfaite cohérence avec le cadre stratégique de la coopération Cameroun-Union européenne défini au titre du 9ième Fed qui prévoit des actions ayant un caractère structurant pour les acteurs non étatiques. Il répond à une demande forte de la part des structures de la société civile regroupées au sein de la plate forme nationale de dialogue, qui ont été associées à son instruction et à sa formulation ".
Ce programme d'une durée de quatre années, a quatre composantes de base :
l'information, la communication et la mise en réseau, le renforcement institutionnel, organisationnel et professionnel des organisations de la société civile ; les subventions via les appels à propositions afin d'élaborer et de mettre en œuvre des projets d'appui à leur structuration ; l'appui à l'amélioration du cadre juridique et réglementaire. Autant dire que le secteur des Ong est entièrement à refonder, selon le propre aveu des organisations de la société civile présentes à la cérémonie de signature de la convention au ministère de l'Economie et des Finances.
Reste que plusieurs organisations de la société civile n'existent que sur du papier, et dans leur valise. Polycarpe Abah Abah, signataire de la convention pour le compte du gouvernement, n'a pas manqué d'interpeller ces nombreuses organisations non gouvernementales, qui n'ont que leur papier en tête, leur sceau, soit le strict nécessaire pour écumer les administrations et les ambassades à la recherche de financements vite engloutis dans des activités sans aucun rapport avec l'objet social de l'organisation. " Tout en saluant les efforts d'auto-structuration et de professionnalisme qui se font jour dans la société civile camerounaise, permettez-moi de relever toutefois que de nombreux regroupements et associations pèchent encore par un manque d'activités sur le terrain et par un déjîcit organisationnel et fonctionnel qui cadre mal avec la noblesse et la pertinence des objectifs contenus dans leurs chartes constitutives ". Sur le point de leur trop grande dépendance à l'égard des fonds extérieurs et de leur mauvaise structuration, les Ong plaident volontiers coupables, et l'accusation du ministre de l'Economie et des Finances ne les blesse guère. Selon Christine Andela, une des représentantes de la société civile, celle-ci assume pleinement les reproches faits par le ministre de l'Economie et des Finances, car, en leur sein, ce diagnostic avait déjà été établi. Le Minefi n'a donc fait que crever publiquement l'abcès, dont les Ong elles-mêmes se plaignaient déjà. Selon Polycarpe Abah Abah, la présente convention de financement vient à point nommé et offre à notre pays l'occasion de célébrer l'oraison funèbre des associations et autres regroupements dont l'existence se réduit à un récépissé de déclaration, à des papiers en tête et cachets juste nécessaires à la formulation des demandes de financement. Aussi faut-il fonder l'espoir de voir la présente convention de financement aider à la renaissance des organisations de la société civile camerounaise.

SOURCES : La Nouvelle Expression