ACSIS CAMEROUN Newsletter N°5 - Août 2007.
5. La société civile boude le Comité Eiti.

Les acteurs non étatiques impliqués dans l'Initiative de transparence des Industries extractives (Eiti) dénoncent des incohérences dans la démarche du gouvernement par rapport à la mise en œuvre de cette initiative au Cameroun.

Neuf organisations de la société civile sont, depuis deux ans, associées au Comité de mise en œuvre de l'Initiative de transparence des industries extractives (Itie en anglais) au Cameroun. Elles viennent d'écrire au ministre de l'Economie et des Finances qui est en même temps, président de ce Comité. Pour dire leurs inquiétudes par rapport à la conduite de cette initiative. "La qualité des données fournies au conciliateur continue de poser des problèmes. Dans bien des cas, et selon les rapports du conciliateur ces données ne sont pas certifiées. Ceci est susceptible de jeter un doute sérieux sur la fiabilité de l'ensemble de l'Initiative". C'est l'une des critiques les plus importantes contenues dans cette lettre qui date du 13 juillet dernier. Les autres remarques ne sont pas négligeables. "Malgré les frémissements actuels des secteurs minier et gazier au Cameroun, nous notons quelques réticences à les inclure dans le champ de l'Initiative." Les signataires de cette lettre affirment qu'il s'agit là d'un détail important que plusieurs autres pays africains, qui ont adhéré à cette initiative, ont déjà pris en compte par souci de transparence. Pour le reste, cette correspondance dénonce le peu de considération qui est accordé à la société civile dans ce comité. Ses représentants ne seraient convoqués qu'à la veille ou quelques heures seulement avant les réunions de cette instance. On apprend aussi que le Secrétariat technique rattaché au comité ne fonctionne pas comme stipulé dans le décret qui la créée en juin 2005. Pour l'année 2007 en cours, aucun plan d'action du Comité n'aurait encore été élaboré.
Cette correspondance souligne également que la stratégie de communication autour de la publication de deux rapports déjà réalisés bat de l'aile. En s'en inquiétant, les signataires de cette lettre font remarquer « qu' il s'agit pourtant d'un élément essentiel du processus, puisqu'elle doit organiser les modalités de ta diffusion du contenu des rapports auprès de l'opinion publique ». Sur la base de ces critiques, les représentants de la société civile proposent une révision du mode de fonctionnement du Comité et la mise en place d'une stratégie concertée de communication. Joint au téléphone, le coordonnateur du secrétariat technique de ce comité, Alfred Bagueka Assobo estime qu'il s'agit d'une correspondance qui
est adressée au Minefi et sur laquelle il n'a pas de commentaires particuliers à faire. Mais, il pense que "la société civile est membre du Comité et a, à ce titre, tout à fait le droit de se prononcer sur la marche de l'initiative". Dans de nombreux pays riches en ressources naturelles, les recettes provenant des industries extractives ne servent pas toujours au développement et à l'amélioration de la qualité de vie des populations. Elles font souvent l'objet de pillage, d'enrichissement illicite sur fond de corruption. A cause du non-respect de l'obligation de rendre compte de l'utilisation de tous les paiements que les entreprises qui exploitent ces ressources naturelles effectuent. L'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Eiti) vise à combler ce déficit de gouvernance. Le Cameroun y est depuis 2005. Mais les deux premiers rapports faits ne renseignent pas totalement sur la manière dont est géré l'argent du pétrole. Et celui des autres ressources...

Source : La Nouvelle Expression