ACSIS CAMEROUN Newsletter N°7 - Décembre 2007.
8. Les formations à distance courent après les prix.

Dans leur version moderne qui requiert l'outil informatique, ces cours ne sont pas accessibles au plus grand nombre.

En mars 2007, 1400 demandes camerounaises ont été enregistrées à l'appel à candidatures international lancé comme d'habitude par l'Agence universitaire de la Francophonie (Auf). Il y en avait 6000 au total. Une année auparavant, 1225 demandes sur les quelque 7000 enregistrées pour les dernières offres de formations à distance de l'Auf étaient également enregistrées au Cameroun. Fort de ces statistiques, Alexis Kwontchie, directeur du Campus numérique francophone de Yaoundé, estime que les cours à distance proposés par cette coopération académique, sont promis à un essor continu malgré leur cherté relative.
Danielle Laure Soumanie, chef de la division de formation à distance à la représentation camerounaise de l'Institut africain d'Informatique (lai) à Yaoundé indique ainsi que le coût d'une formation à distance par le canal de supports numérique est de 1200 euros dans cet établissement. Soit 786.000Fcfa. "Pour le moment, dit-elle, nous ne disposons que d'une formation, c'est la licence professionnelle d'analyse concepteur des systèmes d'information. Mais en général, les formations à distance coûtent entre 900 et 4500 euros. Il faut cependant toujours tenir compte des infrastructures que chacune d'elles peut exiger pour en évaluer le prix".
Sur le Campus numérique francophone de Yaoundé, à deux pas du lycée général Leclerc, pour bénéficier des formations disponibles, les étudiants déboursent entre 500 et 2500 euros. Soit de 327.000Fcfa à 1.637.500Fcfa. "Les formations à 2500 euros, constituent cependant la principale part de notre activité. Elles emportent les préférences des étudiants qui sollicitent d'ailleurs les allocations de l'Agence universitaire de la Francophonie. Elles sont de l'ordre de 1700 euros pour les formations qui coûtent 2500 euros", explique M. Kwontchie. L'Auf ne paye cependant pas ces subventions à tous.
"Il n'est pas seulement question de mérite dans la sélection des étudiants auxquels l'agence apportera un appui. Nous privilégions les apprenants de sexe féminin. Mais nous tenons compte de la situation sociale des demandeurs d'allocations. Sans cet appui, il serait très difficile de payer les 6000 euros (3.930.000Fc/fl) que valent en réalité les formations disponibles à 2.500 euros. L'Auf négocie en effet des tarifs préférentiels auprès des universités et établissements qui dispensent les cours avant de les mettre à disposition des pays du sud", révèle encore le directeur du Campus numérique de Yaoundé.

Cependant, reconnaît-il, il y a des candidats qui sont laissés au bord du chemin du savoir, faute d'argent. "Bien que les tarifs soient clairement connus et les .conditions de paiement préalablement établies, certaines personnes postulent, avec un niveau adéquat et des besoins précis et abandonnent", dit-il. C'est dire si pour les étudiants ordinaires, sans emploi, la formation n'est pas toujours financièrement accessible.
En général, explique à ce sujet Danielle Laure Soumanie, les procédures d'inscription à la formation à distance à l'Iai comportent des renseignements sur les ressources dont le candidat pense pouvoir tirer ses frais de scolarité : "On leur demande comment ils comptent financer leurs études, s'ils ont demandé une allocation, etc. " Vingt des soixante personnes formées en ce moment par le canal de l'Iai sont donc en partie des boursiers. "En fait, cette formation s'adresse bien plus aux personnes en activité, ce sont les étudiants qui constituent. dès lors la majorité des allocataires parce qu'ils ne bénéficient pas par exemple des infrastructures de l'entreprise qui accueille un travailleur et qui lui permettent de disposer d'Internet, ce qui n'est pas un petit obstacle. "
Dans la majorité des pays de l'Afrique sub-saharienne aujourd'hui, estime Mme Soumanie, la disponibilité des tuteurs (professeurs dans les formations à distance), et l'élaboration des cours à distance requièrent encore beaucoup de moyens. Pourtant, note-telle, "la même formation la licence professionnelle disponible à l'Iai en 'présentiel' coûterait plus cher". Le déplacement et la réunion en un seul lieu des enseignants et des apprenants, influeraient alors sur la facture de l'apprentissage.
Une évaluation positive qu'Alexis Kwontchie partage également : "II y aura toujours des candidats parce que c'est une offre adaptée à certains besoins et elle a une valeur ajoutée. Elle peut permettre de répondre au problème de la qualité et de la fiabilité des formations suivies par les travailleurs qui préparent un diplôme et qui ne s'adaptent pas par exemple aux amphis bondés". "Ce qui les pousse à emprunter des chemins de travers pour réussir", ajoute Mme Soumanie qui espère que la réflexion en cours au ministère de l'Enseignement supérieur débouchera sur une amélioration quantitative de l'offre et des tarifs de moins en moins prohibitifs.

Source: Quotidien Mutations