ACSIS CAMEROUN Newsletter N°8 - Janvier 2008.

4. Les formations à distance ont besoin d'un double clic.

Quand le réseau d'informations ne fonctionne pas au mieux, les études par ce canal sont perturbées.

Les deux campus sont dis­ tants de quelques 4km, dans la ville universitaire de Yaoundé. Mais selon qu'on se retrouve sur le Campus numérique francopho­ ne, que l'université de Yaoundé I accueille à Ngoa-Ekellé, ou au quartier Mballa II où se trouve la représentation camerounaise de l'Institut africain d'informatique, le problème de l'accès à Internet semble tellement différent. Dans l'un et l'autre établissement d'en­ seignement, on est pourtant membre de la chaîne des forma­ tions à distance que le réseau mondial d'informations permet de diffuser.

" Globalement, la fourniture d'Internet est acceptable chez nous, explique Alexis Kwontchie. le respon­ sable du Campus numérique francophone de Yaoundé. Nous :ts sommes à 80% de satisfaction, comparative­ ment aux pays de même niveau qui seraient à 90%. " Pourtant, reconnaît-il, il survient des baisses dans le débit des fournisseurs au reseau Internet. " On est obligé de leur crier dessus, pour qu'ils ramènent la connexion au niveau où le contrat l' a fixé », révèle encore M. Nwontchie.

A l'institut Africain d'informatique, on juge plus dure­ ment les prestations des fournis­seurs d'accès à Internet. Danielle Laure Soumanie, chef de la divi­ sion de la Formation à distance, parle d'une performance lamen­ table ". " On en a essayé plusieurs. Au début, il n'y a pas de problèmes. Après, ça se détériore tandis que les factures, inversement, augmentent ", regrette-t-elle, en soulignant les conséquences " évidentes " que les capri ces du débit d'Internet peuvent avoir sur la formation à dis­ tance.

Quand on est dans le cadre d'une formation à distance, le lien vers lequel o m veut aller doit s'ouvrir au clic de souris. Un cours que l'on aurait pu ouvrir en une minute, on a besoin de 30 minutes. C'est très diffi­ cile pour l'apprenant, notamment ceux qui travaillent en dehors du centre (Institut africain d'informa­ tique) et qui sont les plus nombreux. Ils se plaignent. Quelquefois, cette carence rallonge même la durée de la formation ", explique Mme Soumanie.

C'était le cas lors de deux semaines de coupure généralisée que le Cameroun a subi en octobre dernier. Même si, au Campus Numérique francophone on souligne que cet incident aussi rare que sa gestion n'a pas totalement handicapé la suite des programmes. Nelly, étudiante en droit du cyberespace, explique qu'à l'époque de la coupure, " il était possible de temps à autre d'accé­ der à Internet, bien que le débit soit alors lent. Tandis que la coupure, dans les cybercafés ordinaires, était complète. "

Cette étudiante souligne d'ailleurs qu'en dehors du cam­ pus qu'elle fréquente et qui est soutenu par l'Agence universitaire de la Francophonie (Auf), l'ac­cès à Internet pour sa formation n'aurait pas été aisé. " /'y passe pratiquement huit heures en une journée. Si je devais aller dans un cybercafé, je craindrais d'abord les problèmes de connexion, avant les problèmes financiers car cela me coû­ terait quotidiennement 2000 francs Cfa. Bien avant le début de Informa­ tion, l'un des critères de choix était la qualité du débit au campus numé­ rique qui me permettait de ne pas aller à la débrouille. Cela fait un an que je me forme et s'il n'y avait pas cette qualité de débit, j'aurais certai­ nement arrêté ", indique la jeune femme.

D'autres étudiants par contre, doivent se " débrouiller ".

Alexis Kwontchie raconte par exemple l'expérience de ce fonc­ tionnaire bénéficiaire d'une for­ mation à l'Auf. " // a été affecté à Garoua, mais il a choisi de poursuivre sa formation dans les rares cybercafés qui pouvaient le servir là-bas ", explique-t-il. A défaut d'être épaulé par un centre de forma­ tion, relève-t-il dès lors, étudier par le canal d'Internet demeure possible : " puisqu'il y a des étu­diants qui s'appuient sur l'infra­structure de leurs employeurs pour accéder au réseau d'informations ou à la maison, pour ceux qui sont plus fortunés ". Pour autant, juge-t-il, la qualité d'Internet peut être amé­ liorée.

«  Chaque pays vit de manière différente ses problèmes de débit , en relation avec la demande d'Internet, dit M. Kwontchie.. Au Sénégal ou au Gabon , un méga de débit coûte le même prix qu'une fourniture quatre fois moins importante au Cameroun. Il faut donc développer l'offre globale pour améliorer les accès individuels. Comme celui des formations à distance  ». Comme lui Danielle Laure Soumanie souligne en effet que 512 kilobits de débit qui est la quantité commandée à l'IAI par exemple, ne constituent toujours pas la quantité reçue. Et quand on y a joute que cette connexion est partagée entre de nombreux utili­ sateurs...

" Même si l'on ne peut pas com­ parer la qualité de l'offre Adsl [haut débit] du Sénégal, ou la connexion du Gabon, à ce que l'on appelle ici Adsl, l'on peut trouver des solutions en maintenant le débit commandé. Aux heures creuses, c'est-à-dire en soirée autour de 21 heures, il est possible de travailler assez aisément. Mais en ce moment-là, l'on n'est plus au bureau, et les espaces de temps aménagés par les formateurs pour travailler ne cor respondent pas forcément à ces heures creuses ", ajoute-t-elle encore en regrettant l'incidence du retard accumulé par le Cameroun à ce sujet.

Cela ne détériore pas vrai­ ment nos rapports avec les universités, avec les formateurs, mais il faut bien considérer l'impact que cela peut avoir sur un étudiant inscrit dans un autre pays [via le Cameroun]. Dans leurs pays, comme le Gabon, ils peu­ vent bénéficier d'une fourniture Internet plus bonne. Comment com­prendre que leur encadreur qui peut se trouver ici, lui, ne soit pas capable de réagir plus vite ? ", se demande-t-‘elle.

Source: Mutations